Sur cette page, nous présentons les livres partagés lors des rendez-vous du club de lecture

Les articles sont proposés par les lecteurs.

 

Club de lecture du 4 juillet 2024

 

 

 Civilizations, Laurent Binet, Editions Grasset et Le Livre de poche.

A quoi ça tient, finalement, l'Histoire du Monde ? Si les Vikings étaient descendus jusqu'en Amérique du Sud, si Christophe Colomb n'était jamais rentré en Europe et qu'un prince inca avait fait le chemin inverse, qu'est-ce qui se serait passé ? C'est ce que va tenter d'imaginer Laurent Binet en faisant débarquer en plein XVIe siècle les Incas en Europe. Choc des cultures dont le vainqueur ne sera pas forcément celui que l'on croit.

Très librement inspiré du jeu vidéo auquel son titre fait référence, Civilizations permet d'imaginer une histoire bien différente de celle que l'on connaît. Si certains passages sont un peu en deçà, le texte se dévore très vite et on se prend rapidement au jeu du "et si...?"  A.P.

 

 

Palace, Jean-Michel Ribes, éditions Actes Sud

A la fin des années 1980 a débarqué sur Canal+ puis Antenne 2 une série complètement loufoque : Palace. Prenant comme décor un hôtel de luxe, on découvrait un casting 5 étoiles dans des situations frisant le non-sens : Pierre Arditi amoureux d'un choeur d'opéra, Claude Piéplu en concierge plein de "bon" sens, Valérie Lemercier présentant les us et coutumes d'un établissement de standing, François Rollin décortiquant l'étymologie des expressions... Une série mythique.

Jean-Michel Ribes a décidé de faire paraître les textes de Palace : on retrouve dans ce livre le script de tous les épisodes. Un excellent moyen de découvrir cette pièce marquante de l'humour français, peu rediffusé à la télévision et dont le prix du DVD s'est envolé !  A.P.

 

 

 Le nouveau / HIGASHINO, Keigo          Actes sud (Babel noir)

Une femme a été retrouvée étranglée chez elle, dans le quartier de Nihonbashi à Tokyo.

L’enquête est confiée à la police judiciaire et l’inspecteur Kaga Kyoichiro, qui vient d’être affecté au commissariat du quartier est chargé de les accompagner et de les guider. C’est le "nouveau" du titre, qui découvre les rues commerçantes, visite les boutiques, observe avec curiosité et bienveillance ses habitants. Toujours vêtu d’une chemise ouverte sur un T-shirt, contrairement à ses collègues costume-cravatés, il mène sa propre enquête sans se faire remarquer, bien accueilli par les personnes à qui il pose des questions sur des détails apparemment anodins sans rapport avec le meurtre, toujours porteur de petites douceurs sucrées à offrir.

Les neuf chapitres du roman sont autant de mini-nouvelles, chacune liée à une des boutiques traditionnelles fréquentées par la victime avant sa mort, chacune avec son atmosphère singulière. La somme des indices récoltés aboutira à la découverte du mobile et du coupable.

Peu de descriptions, un style concis et une intrigue plus complexe qu’il n’y parait, pour cette enquête toute en lenteur et en cercles concentriques, menée par un inspecteur humain dans la chaleur humide de l’été tokyoïte.

(Deuxième volume d’une série de trois titres, tous parus chez Acte sud, dans la collection Babel noir)  N.C. 

 

 

 

 Watership Down, Richard Adams, Éd. Monsieur Toussaint Louverture, 2024. Traduction revue et corrigée.

(Première édition française : Flammarion, 1976)

« Hazel ! C'est d'ici que ça vient ! Je le sais maintenant... Une chose terrible ! Une catastrophe approche... »

Puis il se mit à pousser des gémissements effrayés.

«Quelle catastrophe ? Qu’est-ce que tu racontes ? Tout à l'heure, tu disais que ce n'était pas un danger.

— Je ne sais pas ce que c'est, répondit Fyveer, l'air triste. Il n'y a rien de dangereux, à cet instant précis, mais ça vient, ça vient... Oh, regarde le pré ! Il est plein de sang ! ».

C’est ainsi que commence le dangereux exil vers la Terre promise d’un petit groupe de révoltés, des… lapins bien décidés à fuir l’oppression qui règne dans leur garenne, par ailleurs menacée d’un péril imminent, comme le pressent Fyveer, un être fragile aux "visions" toujours justes. Il leur faudra bien de la ruse et du courage, une volonté sans faille au service de la communauté et de sa survie, pour se risquer dans des paysages inconnus, échapper aux humains, aux renards et autres vilou et, plus encore, affronter un impitoyable dictateur, ivre de pouvoir et de sang…

Comme avant lui La ferme des animaux de George Orwell, Watership Down, paru en 1972, explore et dénonce, sous des allures de long roman d’aventures, les ressorts des régimes totalitaires et leurs sinistres conséquences. Combattant de la Seconde Guerre mondiale, fervent défenseur de l’environnement, diplômé d’Oxford nourri de littérature classique, Richard Adams nous offre ici une inoubliable fable animalière, riche, profonde, intemporelle, devenue à son tour un classique de la littérature.   P.B. 

 

 

 

 

 

 

Club de lecture du 6 juin 2024

 

 Les Cités obscures, intégrale, François Schuiten et Benoît Peeters, éditions Casterman.

 Dans un univers parallèle au nôtre et connecté à lui s'étend le monde des Cités obscures. Certaines villes font référence à celles que l'on connaît, comme  Pâhry ou Brüsel. D'autres s sont de pures créations, à l'instar d'Urbicande ou de Samaris. Un univers nourri d'art déco, d'art nouveau, de steampunk ou d'inspirations plus classiques et dans lequel des histoires extraordinaires vont se jouer.

Les Cités obscures, ce sont des albums de bande dessinée, mais aussi des documentaires, des fausses encyclopédies, un opéra, une station du métro parisien... Une création totale, bourrée d'inventivité, étonnante à tous les instants à laquelle cette intégrale en 4 tomes rend totalement justice.  A.P. 

 

 

Le guide du voyageur galactique, Douglas Adams, Folio SF.

Arthur Dent, Anglais moyen, passe vraiment une mauvaise journée. D'abord, il apprend que sa maison doit être rasée pour construire une déviation. Ensuite, il apprend que c'est la Terre qui doit être détruite par des extraterrestres inconnus pour construire une déviation spatiale... Heureusement, son ami Ford Prefect, journaliste au Guide du voyageur galactique, le sauve in-extremis en lui apprenant l'autostop spatial. Commence pour Arthur un voyage complètement fou.

Pilier de la science fiction et de l'humour anglais en même temps, ce premier tome d'une trilogie en cinq volumes vous permettra d'en savoir plus sur les dauphins, de rencontrer un robot dépressif, de vous méfier de la poésie extraterrestre et surtout, vous donnera la réponse à la Grande Question : celle de la Vie, de l'Univers et tout le reste... A.P.

 

 

 

    Mémoires de Guerre  de Winston Churchill        P., Tallandier, collection texto, 2013, coffret 2 volumes (19x12x7)

 Churchill tient le monde libre (du moins l’Europe ou ce qu’il en reste) dans ses mains. Alors que tous autour de lui le pressent d’accepter un accord avec Hitler, comme le montre le film « Les Heures Sombres » de 2017 il est le seul à dire non, ce qui lui vaut l’admiration, mais non la sympathie, d’un certain Général De Gaulle.

Les Mémoires de Guerre commencent à la fin de la Première Guerre mondiale et courent jusqu’à juillet 1945. La détermination sans faille se lit à chaque paragraphe, l’auteur est éclairé par sa propre histoire, ses nombreux échecs et le sentiment résolu que la civilisation humaine est en jeu.

On y trouve dès lors des mises en perspectives plus ou moins connues : le courage de quelques centaines d’aviateurs anglais, aidés de Polonais et de Français Libres, « Jamais tant de gens n'ont dû autant à si peu » lors de la bataille d’Angleterre, l’importance de la bataille de l’Atlantique, où le marin de formation décrit passionnément les opérations, l’intoxication de réseaux de la Résistance française pour camoufler le lieu du Débarquement.

Churchill a écrit ce livre après la guerre avec un accès privilégié à des documents officiels, en veillant à ne pas trahir de secrets encore sensibles (le décryptage d’Enigma, les avancements des travaux de la bombe atomique). Certains épisodes de la guerre semblent minorés, le rôle de l’Urss ou la Guerre du Pacifique. Certains passages ont été revisités in extremis pour ne pas froisser le Général Dwight Eisenhower qui allait devenir Président des Etats-Unis et on peut juger de certains biais propres à l’acteur qui fait l’histoire dont Churchill lui-même avait conscience : « Je laisserai, sur ce point, l'histoire juger... mais, je serai un des historiens ».

Ce n'est pas grâce à ce livre que Churchill a obtenu le prix Nobel de littérature. La remise du prix à Stockholm en 1953 ne fait étrangement aucune mention de l'ouvrage.

Par sa qualité littéraire, son souffle épique et l’importance de cet acteur majeur, ces Mémoires sont une de ces œuvres essentielles du XXe siècle, un récit extraordinaire que la fiction ne saurait atteindre tant le drame de millions d’hommes se trouve encore dans le cœur de notre histoire.  T.L. 

 

 

 Les 4 saisons d'une transition de Corinne Bombardieri- Roquier

Avec ce livre, l’auteure vous invite dans un voyage introspectif pour vous (re)découvrir.
Ce livre offre une balade poétique et optimiste à toute personne désireuse de s’accorder une pause réflexive et constructive. Ce recueil de textes personnels authentiques offre des clés de compréhension pour se rencontrer, mieux se
connaître, grandir et s’épanouir.
Chaque thématique invite à prendre rendez-vous avec vous-même pour avancer sur le chemin de votre développement personnel. Le voyage dure 4 saisons, le temps d’un cycle de changement.
Au fil de sa trajectoire, l’auteure livre ses intériorités en récits poétiques. Ses tourments s’apaisent, la brume se dissipe, sa transformation s’opère.
Se laisser accompagner par ce livre, c’est choisir une méthode originale comme un carnet à remplir pour une exploration de soi. C’est vivre des rituels créatifs directement inspirés de ses expériences personnelles.
Quand la magie de la poésie libère les émotions et dessine le chemin des possibles…  C.B.R.

 

 

 

 

 

 

 

 

Club de lecture du 2 mai 2024

 

     

  La route, Cormac McCarthy, Points, 2023.

 « L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur voyage ? » (Résumé éditeur).

Aussi noir et oppressant que les nuits sans lune et les jours carbonisés où les personnages se fraient un chemin de cendres, La route est un "road-movie" extrêmement sombre où la peur de mourir… et de vivre ! accompagne chacun des pas, chacun des geste de deux êtres unis à jamais dans l’amour et la souffrance.

Prix Pulitzer 2007, ce roman terrifiant devenu un "classique" s’offre à de multiples interprétations : anticipation "réaliste" d’une Terre ravagée par un conflit atomique ou une catastrophe écologique XXXL, désormais dominée par l’ultra-violente solitude ? Métaphore ontologique du chemin de larmes de toute existence sans Dieu(x), de la naissance au trépas, où l’inhumanité de l’autre nous menace sans cesse… comme nous le menaçons aussi ? Récit messianique où l’Enfant innocent, à préserver du Mal, porte en lui le Feu de l’Humanité, transmis de toute éternité… ou pas ? À vous d’oser aller voir…P.B.

 

  La route, Manu Larcenet, d’après l’œuvre de Cormac McCarthy, Dargaud, 2024

Encensée par la critique depuis sa toute récente parution, cette adaptation graphique du terrifiant (et prémonitoire ?) roman de McCarthy est appelée à devenir un "classique" de la bande dessinée, tout comme le Prix Pulitzer 2007 est entré au panthéon de la littérature contemporaine.

Entièrement réalisé à la palette graphique, ce long récit en noir et nuances de gris (teintés, cendrés, brumeux, salis…) n’est pas sans évoquer par son trait virtuose les œuvres, parmi les plus sombres, de Callot, Durer, Goya... Larcenet avoue s’être beaucoup «nourrit» dans son travail préparatoire des estampes de ces graveurs des siècles passés, en plus des photographies de bombardements de la Seconde Guerre Mondiale ou des planches d’Akira, le manga de Katsuhiro Otomo… Afin de restituer les silences du roman et d’inciter « le lecteur à déchiffrer les cases, à s’attarder sur les pages, à lire le dessin comme il lirait des mots», l’artiste aura « complexifié chaque case à la limite du surtravail », une esthétique hyperréaliste de l’horreur et de la dévastation, fascinante, d’une rare puissance visuelle. « Réfléchis à ce que tu mets dans ta tête parce que ça y restera pour toujours ». Confrontés à des scènes d’épouvante chaque fois plus éprouvantes, cette mise en garde du père à son fils semble également nous être adressée par un dessinateur grand amateur de noirceur.

Alors que les dernières planches, d’un blanc éblouissant, laissaient entrevoir la fin du cauchemar, les immenses nuées noires de la toute dernière case nous renvoient aux premières images de la bande dessinée, une œuvre magistrale peut être plus désespérée que la fiction initiale… P.B. 

 

 

    

 Les Cités obscures : Le retour du Capitaine Nemo, François Schuiten et Benoît Peeters, Casterman, 2024

 Alors qu’on le croyait à jamais enseveli dans son Nautilus devenu tombeau, le Capitaine Nemo émerge de l’obscurité au sein d’une étrange créature hybride, mi-calamar, mi-sous-marin, un être intelligent capable de se déplacer dans les abysses comme sur les terres des Cités obscures, en chemin vers une mystérieuse destination…

 À l’origine de cet ouvrage illustré, entre l’album et la bande dessinée, le projet d’une sculpture monumentale conçue par François Schuiten, dessinateur, et Pierre Matter, sculpteur : le « Nauti-poulpe », une œuvre en bronze de 6 mètres de haut et 9 mètres de long, d’un poids de 12 tonnes... Imaginée à la demande de la métropole d’Amiens qui souhaitait réinventer dans la ville la présence de Jules Verne et de son imaginaire,  F. Schuiten nourrit et accompagne cette création d’une série de grandes planches, dessinées à la plume et à l’encre, sans intention narrative, en écho aux gravures des éditions Hetzel qu’il admire depuis l’enfance. Benoît Peeters, le complice de toujours, subjugué par la beauté de ce travail, va alors  proposer de s’en emparer pour en faire « quelque chose [sic] ». Tous les deux vont imaginer cette suite aux aventures du Capitaine Nemo, une façon de (re)découvrir le mythe littéraire et son créateur, une invitation pour les plus téméraires à se (re)plonger dans les centaines de pages à grand spectacle de 20 000 lieues sous les mers et de L’île mystérieuse…   P.B.

 

       

Trois étages / Eshkol Nevo   Folio Gallimard

Dans cet immeuble d’une banlieue bourgeoise de Tel-Aviv, les voisins se croisent sans trop se connaitre. Mais se connaissent-ils vraiment eux-mêmes ? Pour cela, il leur faut trouver un interlocuteur. Au premier étage, Arnon raconte à un ami devenu écrivain qu’il soupçonne son vieux voisin d’avoir eu des gestes déplacés envers sa fille de sept ans. Il l’a agressé violemment avant de lui-même céder aux avances de la petite-fille de ce dernier.Au deuxième étage, Hani est débordée et se sent coupable de ne pas être une mère parfaite. Elle accepte d’héberger le séduisant frère de son mari avec qui il est fâché. Et découvre qu’il aurait fait un père parfait et présent. Elle rédige une longue lettre à une amie d’enfance, mais finit par douter de la réalité de ce qu’elle raconte. Au troisième, vit Déborah, veuve et retraitée. Elle a toujours écouté son mari, juge comme elle, et se sent coupable d’avoir abandonné son fils unique, condamné pour avoir renversé et tué une femme enceinte alors qu’il était en état d’ébriété. Elle retrouve en rangeant un vieux répondeur téléphonique et en entendant le message enregistré par son défunt mari, décide de lui expliquer ses nouveaux choix de vie par messages interposés, de deux minutes en deux minutes.

La clé du roman est donnée par Déborah : "La théorie psychanalytique de Freud divise la personnalité en trois topiques, disons trois étages. Au premier étage se situent nos pulsions et nos instincts, le Ça. À l’étage du milieu réside le Moi, qui tente d’établir un rapport entre nos pulsions et la réalité. Et, au troisième étage, trône sa majesté, le Surmoi, qui nous rappelle à l’ordre, la mine sévère, et exige que nous prenions en compte l’influence que nos actes exercent sur la société."

Ce roman a été adapté au cinéma par Nanni Moretti en 2021.  N.C.

 

 

   

Quelques lignes sur le livre de Cécile Coulon "La langue des choses cachées"

La mère, le fils de sa mère, l'homme aux épaules rouges, la fille au fusil, l'enfant à la tête d'ange... c'est ainsi que nous rencontrons les personnages de ce récit surprenant, déroutant. Jamais nommés, ils nous font voyager dans l'univers mystérieux de l'auteur qui sait décrire les souffrances, les drames traversés par les "patients" du héros, le fils de sa mère, à mi chemin entre le médium et le magnétiseur. Il détient un pouvoir hérité de sa mère. Le pouvoir de guérir les corps et les âmes perdues.Il est appelé aux chevets de ceux qui n'ont plus aucun espoir. Il voit, entend, perçoit, ressent les douleurs traumatiques de ces personnes aux portes de la mort. La force de l'écriture de Cécile Coulon nous emporte loin au-delà des frontières du réel. La puissance poétique de cette oeuvre nous questionne sur notre rapport au monde où la vie côtoie le pire et le meilleur.     C.B.R.

       

 

Le pion blanc des présages (Chant I de la Belgariade), David et Leigh Eddings, 1990, Pocket

Le jeune Garion vit une vie simple dans une ferme tranquille de Sendarie aux côtés de sa tante Pol. Mais le Mal se réveille, les armées de l'ombre se lèvent, les vieilles prophéties doivent être réalisées pour empêcher le dieu mauvais Torak de gagner. Et l'un des atouts dans la manche des Dieux est le jeune Garion qui va devoir peu à peu accepter et accomplir un destin extraordinaire. 

Si l'intrigue du cycle de la Belgariade est aujourd'hui extrêmement cliché, la saga reste encore un excellent moyen de se lancer dans un cycle de fantasy. Grâce au talent d'écriture des auteurs, on s'attache très rapidement au groupe de héros et l'envie de connaître leur destin donne toujours envie d'en savoir plus. Une très bonne porte d'entrée au genre.  A.P.

 

 

 

   Le Club Dumas, Arturo Pérez-Reverte, 1993, Le Livre de Poche

Lucas Corso, expert en livres anciens souvent à la limite de la légalité, se voit confier deux missions distinctes : authentifier un chapitre tout juste retrouvé des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas et mener l'enquête sur un livre du XVIe siècle, les Neuf portes du royaume des Ombres. Mais très vite les pistes se brouillent, les morts s'accumulent et Corso doit jouer de prudence pour avancer dans ces deux quêtes finalement peu éloignées.

Un rythme qui ne faiblit pas, des retournements de situation qui gardent en haleine, une certaine ironie dans l'écriture, c'est pratiquement un sans faute pour ce roman qui manie plusieurs intrigues sans jamais perdre le lecteur en route.   A.P.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Club de lecture du 4 avril 2024

 

  

Une vie en crobards*, Jacqueline Duhême, Gallimard, 2014.

Une extra-ordinaire autobiographie dessinée où Jacqueline Duhême (1927-2024) rend hommage à quelques-unes des personnes, célèbres ou anonymes, rencontrées, admirées, adorées (l’artiste confondant quelques fois l’amitié et la passion amoureuse !), au cours d’une existence foisonnante placée sous le signe de la liberté, malgré les difficultés et les tourments. Les portraits et les anecdotes se succèdent au fil des 189 pages peintes sur papier kraft à la gouache et à l’aquarelle, avec des textes entièrement manuscrits.

Parmi les personnalités évoquées qui auront le plus compté pour 'Line' : Henri Matisse, son « patron » et son maître ; Paul Eluard, dont elle « tombe raide amoureuse » à l’âge de 20 ans, avant de lui rester une amie fidèle jusqu’à sa disparition en 1952, et même au-delà…; les Prévert - Jacques, Janine et leur fille Michèle, vite devenus « sa famille », alors qu’elle avait été une enfant rejetée, presqu’orpheline, souvent ballotée entre familles d’accueil, couvents et Assistance publique ; les Lazareff : Hélène, fondatrice de Elle, lui confiera les pages "enfant" du magazine et l’enverra suivre les visites des Kennedy à Paris et du Pape Paul VI en Terre Sainte ; Pierre son mari, directeur du quotidien France-Soir, lui demandera de couvrir la longue tournée du Général De Gaulle en Amérique du sud, autant de voyages dont elle rapportera des reportages dessinés, genre dont elle fut une pionnière…

« Imagière» des poètes, des romanciers, des philosophes (J. Prévert, P. Eluard, M. Druon, M.A. Asturias, J. d’Ormesson, J. Supervielle, J. Sadeler, Vercors, C. Roy, R. Queneau, F. Jammes, B. Cendras, M. Cardinal, A. Philipe, G. Deleuze, E. Badinter, A. Lindgren...), auteure-illustratrice, "peintre-cartonnier" de plusieurs tapisseries de grand format, Jacqueline Duhême, dont on recense près de quatre-vingt livres pour enfants, aimait à partager cette réflexion de Matisse, conclusion d’une vie toute entière consacrée à sa passion de l’illustration : « Ce que j’avais à faire je l’ai fait de mon mieux, le reste est peu de chose »…

*Crobards : « Ce sont des sortes de croquis et de bobards » (Raymond Queneau à propos des dessins de J.D. proposés pour l’édition anglaise de Zazie dans le métro).    P.B.

 

 

 

 Le Lion de Joseph Kessel    

Un homme visite une réserve animalière au pied du Kilimandjaro et se lie d'amitié avec Patricia, une fillette qui vit avec les animaux, enfant du responsable du parc.

Patricia fascine autant qu'elle intrigue cet homme (dont nous ne saurons rien) par une relation extraordinaire qu'elle vit avec King, un lion recueilli par sa famille humaine à sa naissance. A travers cette relation, alors que le parc est traversé par une tribu Massaï, on découvre un conflit familial qui amène un drame inéluctable.

Ce roman de 1958, œuvre d'un écrivain aventurier, aviateur, ancien combattant de la France Libre et académicien, pose tels une tragédie grecque l'avancée du destin et le conflit moral qui pose la question des limites entre la Nature et la Loi, entre l'humain et l'animal, ce qui le rend particulièrement contemporain.

La puissance de la narration accompagne celle du lion, l'intelligence du mot juste pétille dans les yeux de Patricia. T.L.

 

     

Eden / Auður Ava Ólafsdóttir    aux éditions Zulma

Alba est islandaise et linguiste. A ce titre, elle participe à des colloques internationaux sur les langues en voie d’extinction, dont pourrait bientôt faire partie sa propre langue, qui est parlée par le plus petit nombre de locuteurs aux Nations-Unis. De retour d’une conférence, elle s’interroge sur son empreinte carbone et calcule qu’il lui faudrait planter 5.600 arbres pour la compenser.

Elle qui laisse souvent son esprit vagabonder et prend plaisir à comparer l’étymologie des mots, ou à les décliner - ce qui donne l’occasion à l’auteur de nous donner quelques aperçus des difficultés de cette langue si complexe - est intriguée par une annonce immobilière contenant plusieurs fautes d’orthographe. Elle décide d’aller visiter cette maison et son terrain ingrat de lave et de sable, qu’elle acquiert sur un coup de tête, bien décidée à le transformer en jardin d’Eden en y plantant des bouleaux, rares arbres capables de résister au climat et au vent de son île.

Encouragée par son père et un ami amoureux des arbres qui lui prodigue des conseils éclairés pour le choix des végétaux adaptés à sa parcelle de terre, elle s’intègrera progressivement dans une petite communauté curieuse mais accueillante, donnera des cours d’alphabétisation à un groupe de réfugiés dont un jeune adolescent féru de langue qu’elle prendra sous son aile.

Un roman poétique et tout en finesse sur la fragilité de la nature, mais non dénué d’humour et d’espoir.  N.C.

 

 

 

    Médecine douce de Nicolas Rey

Aux éditions Au Diable Vauvert (sortie 14/03/2024)

Médecin généraliste, Martin Faubert fait des différences entre ses patients, notamment au niveau du tarif des consultations. Une femme, 2 enfants, 1 vie posée.

Martin va manipuler une prise de sang pour revoir une patiente dont il vient de tomber amoureux. A partir de ce mensonge, il va ruiner une partie de sa vie, de celle de sa famille et de la famille de cette patiente.

Livre dans lequel l’Amour et le mensonge se mélangent avec beaucoup d’humour. Terriblement immoral mais jubilatoire !  M.P.

 

 

 

    

Ami Paul  lettres à Paul Eluard, juin 1948 – décembre 1949

Jacqueline Duhême, Gallimard, 2021

Illustrées de nombreux dessins, accompagnées d’enveloppes ornées-imagées, les lettres reproduites ici expriment l’amour infini de Jacqueline Duhême pour Paul Eluard, elle, Ouvrière Spécialisée sans le sou de tout juste 20 ans, lui, 53 ans, veuf aux si beaux yeux bleus, auteur du célèbre Liberté, le poème de la Résistance.

L’on suit, au fil des mois, les joies, parfois, les tourments, souvent, d’un jeune cœur exalté dans « le printemps de [ses] vingt ans », amoureux à la folie de son « Ami Paul…le meilleur des hommes…mon immense poète…mon petit Dieu », sans cesse en attente d’un rendez-vous, d’une visite, d’une lettre, d’un appel, tous bien trop rares… Embauchée comme aide d’atelier par Henri Matisse,'Liline' ressentira d’autant plus cruellement l’éloignement progressif de son « petit ami Paul doux » qu’elle devra accompagner son « patron » dans le Midi de la France, bien loin du « 35 rue Max Dormoy, Paris XVIII^e », là où résidait Eluard, dans « un vrai musée ». L’occasion, incidemment, pour le lecteur d’aujourd’hui de partager l’intimité du grand peintre, disparu il y a tout juste 70 ans, auquel Jacqueline consacre l’essentiel de quelques lettres, dans l’ennui de Paul…

Un bel ouvrage, où la passion d’une artiste en devenir s’exprime dans ses croquis fiévreux, voire incandescents ! - comme dans une prose poétique inspirée, quelquefois d’une singulière puissance émotionnelle.

« Jacqueline Duhême, aux yeux de feuille morte, au cœur de printemps, à la raison majeure. Paul Eluard, 13 mai 1948 ».   P.B.

 

 

 Liberté, Paul Éluard, illustré par Anouck Boisrobert et Louis Rigaud, Flammarion, 2012

Une interprétation en 3D du célèbre poème de Paul Eluard, écrit dans la clandestinité en 1942, par deux jeunes graphistes devenus, au fil des livres pour enfants, des artistes de référence dans le domaine du pop-up et du livre à systèmes. Ce leporello, livre-accordéon de plus de 2.50 m de long une fois déplié, aux planches imprimées en recto-verso, peut également se lire comme un ouvrage traditionnel, entre ses deux plats de couverture, en tournant les pages de droite à gauche…ou presque ! À la finesse des paysages et des scènes esquissés en découpes s’accorde la subtilité des coloris des feuilles.

Un livre-objet pour tous les publics à partir de 10 ans, où redécouvrir, resitué dans son époque, un chant de résistance plus que jamais d’actualité. P.B. 

 

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaitre

Pour te nommer

Liberté

 

 

 

 

Club de lecture du 7 mars 2024

 

     Quelques pas dans les pas d’un ange : une enfance avec Marc Chagall, de David McNeil, Gallimard, 2022. Edition revue et augmentée, illustrée de photographies et de « peintures et         dessins méconnus de Marc Chagall», venus de la collection personnelle de l’auteur.

    Eloigné de son père dès l’âge de cinq ans, longtemps en souffrance après la séparation de ses parents et le remariage de Chagall avec une femme « méchante » et « diabolique », qui       n’aura de cesse de vouloir accaparer le Maître et son œuvre, David McNeil, au travers d’anecdotes et de réflexions plaisantes et amusées, nous offre à découvrir la personnalité au     quotidien du Maitre de Vitebsk. Il nous donne également à voir l’artiste passionné en action, au plus près de l’acte créatif vécu comme un combat et un épuisement par celui qui sera   tout à la fois peintre, graveur, céramiste, sculpteur, écrivain, créateur de vitraux… Avec, croisés au fil des pages, les plus grands noms de la littérature et de l’art du XXe siècle :  Apollinaire,  Cendras ou Prévert ; Matisse, Picasso, Léger, Soutine, Calder et bien d’autres… Mais aussi Einstein et la famille Chaplin, sans oublier Aimé et Marguerite Maeght, ses amis  galeristes et proches voisins à Saint-Paul-de-Vence… Dans les pas d’un ange ou le récit d’un paradis perdu, d’une enfance triste et solitaire qu’illuminera quelques fois le « sourire du faune »…

Né en 1946 dans le Bronx (New York), David McNeil est auteur-compositeur-interprète, parolier de chansons à succès (Yves Montant, Alain Souchon, Julien Clerc comptent parmi ses interprètes les plus célèbres). Il est également réalisateur, romancier (aux éditions Gallimard) et auteur de livres pour enfants (aux éditions Harlin Quist et Panama).   P.B.

 

 

        

     Les dernières rêveries d’Akkad d’Edouard Bureau. Paru le 07/03/2024 aux éditions « le cherche midi »

     On se situe 2150 av J-C, au bord de l’Euphrate dans la ville d’Akkad (qui fut une citée de Mésopotamie).

    Un prince qui avait été évincé du pouvoir par sa mère doit finalement monter demain sur le trône. Son précepteur, un vieil homme, souhaite lui apprendre le plus de choses possibles et lui      apporter le plus de conseils en cette veille de couronnement. Ce précepteur, qui a eu 1000 vies (pêcheur de perles, soldat…) utilise les leçons de sa vie pour en tirer des enseignements et          les transmettre au jeune prince. Il aborde aussi bien l’amitié que la colère, la peur, la mort, le pouvoir, l’ambition, le bien, le mal…

   Très beau roman / conte initiatique rempli de poésie, de philosophie et de réflexion qui nous emmène ans les temps anciens, en d’autres lieux.

    Voyage garanti à qui peut s’extraire du monde présent !   M.P.

 

 

 Depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvienne, Joumana Haddad a rêvé d’écrire le roman qui rendrait hommage à sa grand-mère, enfant survivante du génocide arménienne. Bien qu’elle aime l’Histoire, elle ne peut s’empêcher d’y trouver des lacunes. Une Histoire où les orphelins, les veuves, les femmes violées, les familles endeuillées sont reléguées à la marge ; comme de simples dommages collatéraux. . Elle nous plonge ici dans un récit de « prédiction du passé » mélangeant ce qu’elle connait de l’histoire de sa grand-mère, à celle d’autres femmes qui ont vécu la guerre avec courage et fermeté. Joumana Hadda nous livre un récit fictionnel, l’Histoire racontée par celles qui ont été oubliées ; on y reconnaitra la démarche féministe du HERstory ( une sorte de female gaze de l’Histoire).

Le Livre des Reines est une saga familiale dessinée au travers des portraits de quatre générations de femmes.

C’est un texte bouleversant, construit sur une structure narrative non linéaire qui nous permet de percevoir les non-dits, la partialité qu’ils déclenchent et ce qu’engendre leur révélation.

Une œuvre féministe magnifique qui nous rappelle le privilège historique et géographique qu’est le nôtre. F.M.

 

 

   

 

       Ce qui reste de nos vies / Zeruya Shalev 

  Gallimard

Hemda à 80 ans et va bientôt mourir. Allongée sur son lit, elle se remémore son enfance passée dans un kibboutz, entre une mère absente et un père tyrannique et se souvient avec affection des moments de paix qu'elle passait au bord du lac où les habitants partaient pêcher.

Ses deux enfants sont à présent quadragénaires. L'ainée, Dina, qu'elle n'a jamais pu aimer, voit sa fille adolescente s'éloigner d'elle et Avner, le trop-aimé, avocat qui défend les droits des Bédouins, ne trouve plus aucune satisfaction dans son travail. Ils se retrouvent dans l'appartement familial et font le bilan de leurs vies. Tous deux doivent faire face à des choix difficiles et décider de ce qu'il leur reste à vivre. Leur mère les y aidera pendant ses brefs moments de lucidité, cherchant à rendre à chacun l'amour qu'elle n'a pas reçu de ses parents et n'a pas su leur prodiguer de façon équitable.

En de longues phrases mêlant descriptions, monologues intérieurs et dialogues, qui reflètent les contradictions et incertitudes des personnages, Zeruya Shalev nous invite à réfléchir sur les rapports familiaux et l'amour filial.

Un très beau roman qui a reçu le prix Fémina étranger en 2014.   N.C.

 

 

     

Ces instants de grâce dans l’éternité, Anthologie de poésie réunie et présentée par Jean-Yves Reuzeau, Castor Astral, 2024. 

116 poètes contemporains mis à l’honneur pour célébrer le printemps des poètes 2024 autour du thème de la grâce. Un voyage merveilleux à travers une diversité d'univers poétiques. A savourer sans modération !  C.B.R.

 

 

 

    Stupeur / Zeruya Shalev  chez Gallimard

Rachel a 90 ans et habite dans une colonie au nord d'Israël. 

Dans sa jeunesse, elle a fait partie du Lehi, un groupe de résistance sioniste qui commettait des attentats contre les Anglais, du temps de la Palestine mandataire. 

Atara a la cinquantaine, vit à Haïfa, et est architecte du patrimoine.

Les deux femmes ne se connaissent pas, et pourtant...

Atara a un père, dur et maltraitant. Peu avant sa mort, il la confond avec Rachel, sa première épouse tant aimée. Ce premier mariage occulté est une découverte pour Atara, qui se lancera à la recherche de cette femme, la seule personne capable de raconter et d'expliquer le passé caché de son père.

Zeruya Shalev alterne les chapitres, suivant l'évolution et l'histoire individuelle des deux personnages qui se confondent avec l'histoire du pays. La douleur de l'une répond à celle de l'autre, jusqu'à une conclusion qui laisse entrevoir une lueur d'espoir et de pardon. N.C

 

 

 

        

   Marc Chagall : Ma vie, traduit du russe par Bella Chagall, illustré par l’auteur, Stock, 1931, réédition 2003.

De Vitebsk à Paris, de Paris à Saint-Pétersbourg, de Pétrograd à Moscou, de sa naissance, en 1887, à la veille de son retour en France en 1922, après une guerre et une Révolution, un mariage et une naissance…, Chagall l’incandescent se raconte dans un style vif et fougueux, où les images, d’une poésie onirique, "surnaturelle", font écho à l’œuvre peinte. Au cœur des souvenirs de ce jeune artiste prolifique déjà reconnu et recherché, en Europe comme en Russie soviétique : sa famille et les traditions du Shtetl ; son épouse Bella, dont il écrira : « J’ouvrais seulement la fenêtre de ma chambre et l’air bleu, l’amour et les fleurs pénétraient avec elle. Toute vêtue de blanc ou tout en noir, elle survole depuis longtemps à travers mes toiles, guidant mon art. » ; l’Art, bien entendu, « un état d’âme » plutôt qu’un formalisme, une liberté revendiquée en marge de toutes les avant-gardes, et ainsi résumée : « Que notre folie soit la bienvenue ! ».  P.B.

 

 

  Le serpent (la Maison des Jeux, tome 1) de Claire North, 2022, le Bélial'

La Maison des Jeux a été, est et sera. Dans ce lieu, ceux de la Basse Loge jouent aux cartes ou au backgammon pour des mises légères. Ceux de la Haute Loge jouent pour le pouvoir, l'argent, la puissance. A Venise au XVIIe siècle, Thene, épouse d'un homme sans qualités, va réussir par son intelligence et sa stratégie à être invitée dans la Haute Loge. La partie qu'elle va jouer sera d'importance pour le destin de la ville.

Texte court mais plein de virtuose, ce premier tome de la Maison des jeux n'offre aucun temps mort au lecteur qui va se délecter des actions de Thene et attendre avec angoisse les coups de ses adversaires. Un énorme coup de coeur.  A.P.

 

 

   Si une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino, nouvelle traduction 2015, Gallimard

Vous êtes le héros de ce livre, le Lecteur. Et vous êtes heureux d'avoir acheté  « Si une nuit d'hiver un voyageur », le nouveau livre d'Italo Calvino. Malheureusement, après avoir lu le premier chapitre haletant, une erreur d'impression fait que la suite du livre n'a rien à voir avec ce début. Commence une véritable quête semée d'embûches pour trouver la suite de ce livre...

Véritable ode à la lecture et au plaisir de lire, aventure pleine d'humour et de retournements de situations, ce roman d'Italo Calvino vous fera passer un excellent moment ! A.P. 

  

 

 

 

 

 

Club de lecture du 1er février 2024

 

    La submersion du Japon de Sakyo KOMATSU, éd. Picquier poche, 2000 (rééd. 2021)

    Roman-catastrophe, ce récit cinématographique nous emporte avec une tension croissante vers « la mort du dragon » : la submersion de l’archipel nippon.

   Spécialiste de la physique du globe aux idées peu conventionnelles, le Professeur Tadokoro se voit chargé d’étudier l’apparition de phénomènes géologiques extra-ordinaires,       secondé par un jeune pilote de bathyscaphe capable d’explorer les abysses. Guidés par l’intuition, sans laquelle on ne peut « devenir grand scientifique », leurs découvertes vont peu   à peu amener les Autorités à envisager l’impensable : l’évacuation du Japon. Y parviendront-elles, alors que tsunamis, tremblements de terre, éruptions volcaniques se multiplient et   s’intensifient, destructions et victimes en conséquence ? Arriveront-elles à convaincre les autres Nations d’accueillir 110 millions de déracinés, malgré le désordre mondial qui  pourrait  en résulter à tous les niveaux ? Ecrite en… 1973 (!) par l’un des maîtres de la SF japonaise, qualifiée de « prémonitoire » lors des cataclysmes de 1995 et 2011, cette fiction ne   peut que nous interroger, alors que les réfugiés climatiques sont déjà parmi nous et que le réchauffement en cours, aux conséquences également planétaires, vaut bien la modification  de l’écorce terrestre au cœur du roman, ce « cataclysme énorme qui dépasse infiniment toutes les expériences du passé »…  B.P.

 

       Contes des sages du Japon, Pascal Fauliot, éd. du Seuil, collection « Contes des sages, poche », 2023.

  31 contes de sagesses transmis par un spécialiste du légendaire asiatique. Nouvelle édition très soignée mais à petit prix d’un beau livre illustré réédité en 2018.

  Adepte dès son adolescence des Arts martiaux traditionnels japonais (Budô), Pascal Fauliot découvre alors les contes zen et les légendes de samouraïs, « prend goût à l’art du récit »   [sic] et deviendra l’un des pionniers du renouveau du conte à l’aube des années ’80. Auteur des « Contes des Arts Martiaux » (éd. Albin Michel, 1984), un best-seller traduit en     plusieurs langues, il a depuis publié une vingtaine de recueils.  

« S’il suffisait de rester assis en zazen pour devenir bouddha, Il y a longtemps que la grenouille doit être illuminée ! »  Proverbe zen (trad. P. Fauliot) P.B.

 

  Le Château des Rentiers / Agnès Desarthe

 « Dans la littérature comme dans nos rêves, la mort n’existe pas »

 C’est par cette citation d’Isaac Bashevis Singer que débute ce roman qui reprend les interrogations d’Agnès Desarthe sur la vieillesse, la mémoire, les souvenirs réels ou inventés. On y  retrouve sa famille, ses grands-parents et leurs amis rescapés des camps. On y croise aussi bien des inconnus que Simone Veil et Marceline Loridan-Ivens, autres survivantes de la  Shoah.

 L’auteur se souvient de l’appartement de ses grands-parents, rue du Château des rentiers dans le 13è arrondissement, où se croisaient leurs amis, pour qui la vieillesse n’était pas une  fin, mais du temps en plus dont il fallait profiter, eux qui avaient survécu et qui à présent « sur-vivaient ». Elle rêve de recréer cette ambiance qui l’enchantait tant enfant, de construire  un modèle de phalanstère, une sorte de maison de retraite idéalisée où elle pourrait vivre avec ses amis d’enfance. 

Les courts chapitres se suivent au gré de ses pensées et associations d’idées, une mémoire gigogne où l’espace et le temps se télescopent et se juxtaposent et où la vieillesse n’est pas à craindre mais à savourer.        N.C. 

 

  Le remplaçant / Agnès Desarthe

 Agnès Desarthe avait décidé d’écrire un livre sur Janusz Korczak, le directeur de l’orphelinat du ghetto de Varsovie, mort en 1942 dans le camp d’extermination de Treblinka, avec les  enfants dont il avait la charge. Mais très vite, un autre personnage s’impose à elle. Son grand-père d’adoption Bouz, Boris, Baruch, qu’elle surnomme « Triple B », qui épouse sa grand- mère Tsila après la guerre et remplace l’original, mort à Auschwitz en 1942. Cet homme ordinaire qui racontait des histoires à ses petits enfants se glisse tout naturellement sous sa  plume et avec lui  surgissent toutes sortes de souvenirs, de questions sur sa famille, sur les disparus qui restent en vie, car pour l’auteur, les morts continuent de dialoguer avec les  vivants.

Un récit court et délicat sur la mémoire, qui peut être lu comme la genèse du nouveau roman de l’auteur : Le château des rentiers.      N.C. 

 

 

Gioconda, de Nikos Kokantzis . Ed. L'Aube . Nouvelle parution en 2022.

Magnifique récit d'un premier Amour ( de l'auteur), vibrant de naturel, et de sensualité pendant la seconde guerre mondiale en Grèce.

Un très beau livre...bouleversant.  M.P

 

 

 

 

Sorti en 2008, chez l’Atalante , réédité chez Pocket.

A Ankh Morpork, capitale du disque-Monde, Moite Von Lipwig, escroc de son état, doit faire un choix très compliqué : soit il est exécuté, soit il devient directeur des Services Postaux. Tâche herculéenne tant La Poste ne fonctionne plus dans le Disque-Monde, soumise à la concurrence de la société des clics clacs qui achemine en un éclair les messages. D’autant plus que les précédents directeurs de la Poste sont morts dans d’étranges circonstances.

Bijou d’humour anglais servi par une excellente traduction , Timbré vous réserve de grands moments de rire et vous permet d’entrer dan le cycle du Disque-monde, chef d’œuvre de Terry Pratchett. A lire même si vous n’êtes pas habitué au Fantasy !  A.P.

 

 

 

Auteur : Fabien Toulmé

Editeur : Delcourt

L'Odyssée d'Hakim est un roman graphique en trois volumes qui témoigne d'un voyage : celui d'un homme et de son petit garçon qui fuient les persécutions en Syrie. Il traverse non seulement de nombreux pays mais diverses situations et des protagonistes bien différents : de l'angoisse au réconfort, d'une nouvelle famille aux marchands de l'exil. Son but est la France, où il compte retrouver sa femme et sa belle famille.

Le paradoxe de l'étranger, si différent et si semblable, interroge notre attitude au-delà d'une compassion bien naturelle, notre vision du monde où on prend conscience de la chance historique et géographique qui est la nôtre. T.L.

 

 

       

 Rêves de Gloire, Roland C.Wagner

 L’Atalante, 2011, réédition Folio SF

 Octobre 1960 : le Général de Gaulle est assassiné, la guerre d’Algérie se poursuit alors. Quelques années plus tard, un accord est trouvé. L’Algérie devient indépendante, mais l’Algérois   reste français.

De nos jours, un collectionneur de vinyles se met en quête d’un disque extrêmement rare d’un groupe d’Alger, « les Glorieux Fellaghas ». Sa quête va l’entrainer dans les recoins les plus sombres de l’histoire des années 1960/70.

Chef d’œuvre de la foisonnante carrière de son auteur, « Rêves de Gloire » plonge le lecteur dans une histoire alternative extrêmement crédible. Entre rock, substances illicites et histoire parallèle, on plonge avec délectation dans l’uchronie signée Roland C.Wagner .     A.P.